L'affaire OJ Simpson et l'avènement la justice-spectacle
- L'équipe JurisCulture
- 7 oct. 2018
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 17 oct. 2018

La série américaine, American Crime Story : The People v. O.J Simpson retrace le déroulement du procès d’OJ Simpson, célèbre sportif accusé de double meurtre en 1994 puis acquitté.
Bien que la série relate de manière complète tout le déroulé de l’affaire, de la découverte des corps au verdict final, la spécificité de ce procès, qui reste à ce jour un des plus célèbre au monde, tient à sa médiatisation, ou plutôt à sa sur-médiatisation.
Cette série télévisée, voulant adapter fidèlement le cours du procès, insiste largement sur le traitement médiatique de l’affaire.
OJ Simpson étant une grande célébrité sportive américaine, les médias ne pouvaient que s’intéresser à son procès. Ainsi, l’intégralité du procès, des débats, des plaidoiries, des auditions des témoins, ont été diffusé en direct sur les chaines de télévision américaine.
La couverture médiatique de l’affaire a réellement été exceptionnelle. La course poursuite entre OJ Simpson et la police de Los Angeles, la fameuse « slow-speed chase » a été suivie entre 90 et 96 millions de spectateurs en direct, de même, l’annoncé du verdict a été vue par 100 millions de téléspectateurs.
L’intérêt du public est tel que les grandes chaînes de télévisions américaines unanimement choisies d’interrompre leurs programmes pour diffuser en direct les débats. La médiatisation est sans précédant et le procès est devenu un sujet de société divisant l’opinion.
La série s’attarde ainsi sur les difficultés liées à la discréditation des témoins livrant leurs témoignages à la presse ou bien sur les jurés coupés du monde pendant plusieurs moins afin de ne pas subir l’influence de la presse.
En raison de l’intérêt médiatique de l’affaire, la bataille juridique ne fait plus seulement rage dans le prétoire mais également par conférences de presse interposées.
Le procès s’est donc déroulé entièrement devant les caméras du monde entier. Cela soulève inévitablement la question de la justice-spectacle : les avocats plaident-ils pour les caméras ? Les débats peuvent-ils se dérouler paisiblement devant plusieurs millions de spectateurs ? La justice doit être rendue publiquement, soit, toutefois, une trop grande publicité peut être dangereuse, notamment pour les témoins. Quid des pressions extérieures ? Comment garder une objectivité ?
Le risque de transformer le procès en divertissement est grand. Les enjeux sont élevés sachant qu’il s’agit d’un procès pour double meurtre. Laisser entrer les caméras dans l’intimité des acteurs du procès, accusés, familles des victimes, avocats, procureur, juge, etc. est périlleux.

Bien que la diffusion télévisée des procès aux États-Unis soit relativement courante, la couverture médiatique du procès d’OJ Simpson reste exceptionnelle.
Contrairement aux États-Unis, en France, le principe demeure l’interdiction de l’enregistrement des procès, sauf exception (voir infographie ci-dessous)
Toutefois, la question se pose régulièrement en France. Ainsi, récemment, à l’occasion du procès de M. Abdelkader Merah en 2017, les familles des victimes ont demandé l’autorisation de l’enregistrement audiovisuel et sonore du procès, au titre de l’intérêt historique de l’affaire. Cette autorisation ne fut finalement pas accordée.
(Source : article l’Express Procès Merah : les audiences filmées entre intérêt historique et justice spectacle – par Anne Benjamin – 8 septembre 2017)
L'ensemble de ces règles se trouve résumé au sein de cette infographie :

Elisabeth Tresca
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